L’analyse des prépositions « à » et « de » dans le cadre d’une syntaxe opérative

Les parties du discours dites prédicatives (substantif, adjectif, verbe et adverbe) résolvent, par l’ensemble des représentations linguistiques qu’elles proposent, des problèmes posés en expérience humaine commune ou savante et mettent en cause le rapport de l’être humain à son univers expérientiel, exopsychique aussi bien qu’endopsychique. Les parties du discours qu’en opposition aux premières Gustave Guillaume appelle transprédicatives (préposition, conjonction, pronom, déterminant, auxiliaire) résolvent pour leur part des problèmes posés par l’emploi des mots prédicatifs, dont elles présupposent en conséquence l’existence, et mettent en cause cette fois l’expérience même du langage, historiquement acquise par la pratique de ce dernier. Pour comprendre la nature et le fonctionnement de l’une ou l’autre de ces parties du discours transprédicatives, il convient en conséquence de s’interroger sur la nature exacte des problèmes qu’elles ont pour fin de résoudre et auxquels elles sont redevables de leur existence dans le système de la langue.

L’étude des prépositions à et de soulève, à l’instar de celle de toute préposition, deux ordres distincts mais indissociables de problèmes. Le premier a trait à la diversité des contextes syntaxiques dans lesquels chacune de ces prépositions est apte à figurer et met en cause la fonction exercée par la préposition au sein du mécanisme constructeur de la phrase. Le second a trait à la variation sémantique dont sont l’objet, d’un emploi à l’autre, ces mêmes prépositions et met en cause la nature de leur signifié. S’inscrit notamment sous ce second ordre de problèmes celui posé par le caractère éminemment abstrait de certaines valeurs d’emploi des prépositions à et de, qui rend d’autant plus ardue la tâche visant à concevoir, sous la diversité des valeurs d’emploi observables, l’unité sémantique de chacune de ces deux prépositions.

La fonction de la préposition

Au plan syntaxique, grammairiens et linguistes s’accordent à dire que le rôle de la préposition consiste généralement à permettre l’établissement d’un rapport de subordination entre deux mots ou deux syntagmes. Ce qui suppose d’emblée, dans les langues qui ont institué la préposition comme partie du discours, l’existence d’un phénomène général suivant lequel il se produirait, au sein même du mécanisme constructeur de la phrase et de ses parties constitutives, des situations où deux éléments mots ou syntagmes appelés à s’associer momentanément seraient, pour des raisons diverses, empêchés de le faire directement, leur mise en rapport exigeant pour s’établir le recours à un autre mot, en l’occurrence une préposition. C’est au même phénomène que serait également imputable par ailleurs l’existence, dans ces mêmes langues, des conjonctions de subordination, le contenu de signification d’une phrase ne pouvant être mis en rapport avec le contenu de signification d’une autre phrase ou avec celui d’un des éléments de celle-ci que par l’intermédiaire d’une conjonction2. Cette fonction générale commune aux prépositions et aux conjonctions de subordination s’observe notamment à travers les énoncés suivants :

1a. Elle doute [de] votre sincérité.
b. Elle doute [que] vous soyez sincère.
2a. Nous en reparlerons [après] la réunion.
b. Nous en reparlerons [quand] la réunion sera terminée.
3a. Prévenez-moi [dès] son retour !
b. Prévenez-moi [dès que] il sera de retour !

Si l’on admet, à l’instar de Guillaume, que la langue est un système prévisionnel, la préposition, tout comme la conjonction de subordination, apparaît alors devoir son existence à divers types d’hiatus syntaxiques3 susceptibles de se produire, dans la construction d’une phrase, entre deux mots ou deux groupes de mots, hiatus que la préposition et la conjonction de subordination auraient pour effet de combler. Cet hiatus, cet intervalle psychique ou diastème comme le désigne Guillaume, la préposition le résout en réalité de deux façons. Elle le résout formellement, d’une part, en rendant effective la mise en rapport envisagée entre deux termes ; elle le résout matériellement, d’autre part, en précisant, par le contenu de signification qui lui est propre, la nature du rapport par elle établi entre les deux termes. Ces deux fonctions apparaissent nettement si l’on compare les deux syntagmes qui suivent :

4a. Un verre [à] vin
b. Un verre [de] vin

Tout locuteur francophone comprendra immédiatement, même s’il n’en découvre pas d’emblée les raisons exactes, que ce qu’évoque en pensée le premier syntagme c’est une espèce particulière de verre conçue pour servir le vin alors que le second syntagme propose l’image d’un verre contenant du vin. La différence d’interprétation sémantique entre ces deux syntagmes nominaux est manifestement tributaire dans ce cas du choix de la préposition, laquelle vient déterminer, par son signifié, la nature du rapport établi entre l’idée de « vin » et celle de « verre ». Si la fonction sémantique des prépositions à et de est nettement distincte dans les exemples qui précèdent, leur fonction syntaxique est cependant la même. L’une et l’autre ont pour effet de rendre effective, formellement, la mise en rapport du contenu de signification du substantif « vin » avec celui du substantif « verre ». C’est donc un double intervalle que comble ici la préposition. Elle comble en effet un intervalle que l’on pourrait qualifier de grammatical, résultat de ce que dans l’état actuel du français, un substantif ne peut, au plan syntaxique, entrer directement en incidence4 avec un autre substantif. La préposition apporte donc formellement à un substantif la permission, qui lui serait autrement refusée, de caractériser le contenu de signification d’un autre substantif, cette caractérisation intervenant dans le cadre opératif du mécanisme de construction de la phrase5. Elle permet en réalité à ce dernier d’assumer momentanément une fonction non prévue par sa nature grammaticale, à savoir une fonction adjectivale. La nature du diastème tient donc dans ce cas à l’incompatibilité de la fonction praxique requise dans la construction du syntagme et la nature grammaticale du mot appelé à assumer cette fonction6. La préposition comble par ailleurs dans les deux syntagmes qui précèdent un second intervalle, de nature sémantique cette fois, en déterminant différemment la nature du rapport établi par elle entre les contenus de signification des deux substantifs. Ce qui soulève en conséquence le problème de la valeur sémantique propre à chacune de ces prépositions et oblige à expliquer en quoi le signifié de la préposition à contribue à l’expression d’un rapport virtuel entre un contenant et un contenu (4a) alors que celui de la préposition de propose une image effective de ce rapport (4b). On pourrait résumer de la manière qui suit les conditions opératoires justifiant le recours à la préposition dans le cas d’un complément déterminatif :

art1b_a

Les quatre schémas qui précèdent tentent d’établir les principaux moments de la successivité opérative à travers laquelle va s’établir dans la pensée d’un locuteur la mise en rapport, par le concours d’une préposition, des contenus de signification de deux substantifs. Le premier schéma correspond au moment où sont présents dans la pensée du locuteur les deux contenus de signification à mettre en rapport, celui du premier substantif se présentant, dans la structure du syntagme en instance de formation, en position de support de signification et celui du second substantif y figurant au titre d’apport de signification. En raison de ce qu’il cherche à dire, le locuteur entend ici, à travers la structure syntaxique envisagée, caractériser le contenu sémantique du premier substantif au moyen du contenu sémantique du second substantif. Bien qu’un tel rapport de caractérisation puisse dans certains cas s’établir directement par exemple lorsqu’il met en cause un adjectif épithète et un substantif il ne peut, dans le cas qui nous occupe ici, s’établir que médiatement, c’est à dire par recours à une préposition. Le premier schéma définit donc en quelque sorte les conditions opératoires déclenchant le recours au système de la préposition. Il correspond, opérativement, au moment dans la genèse du syntagme où, étant acquis le résultat de la genèse du contenu de signification de chacun des substantifs, se produit l’intervalle psychique créé par la nature grammaticale de l’apport, ce qui entraîne du même coup la suspension du mécanisme d’incidence appelé à jouer entre les deux substantifs. Les vecteurs en pointillé symbolisent le caractère virtuel ou puissanciel du rapport envisagé entre les deux termes en cause, le premier substantif correspondant, à ce stade de la formation du syntagme, à un support puissanciel d’incidence, le second y figurant au titre d’apport puissanciel. C’est cet intervalle qu’a pour fin de combler la préposition, son rôle consistant à rendre effective la caractérisation du contenu de signification du premier substantif par celui du second substantif. C’est donc au titre d’agent d’effection qu’intervient la préposition en permettant au second substantif de devenir, en lui servant de support formel, un apport effectif. Ce que vise à illustrer le second schéma. Ce n’est qu’une fois associé à la préposition et formant avec elle un apport complexe que le second substantif pourra effectivement entrer en incidence avec le premier, celui-ci devenant alors un support effectif d’incidence. C’est à cette opération que correspond le troisième schéma, le résultat de celle-ci apparaissant dans le dernier schéma7.

Ce qui vient d’être exposé à propos des conditions opératoires de la préposition pourrait être appliqué, mutatis mutandis, à la conjonction de subordination. Dans le cas de l’exemple 1b produit précédemment, l’intervalle psychique se produit lors de la genèse du prédicat, dont le verbe est appelé à recevoir, au titre d’apport, le contenu de signification d’une phrase. La raison entraînant la suspension du mécanisme d’incidence et la création d’un intervalle psychique entre le verbe support et la phrase apport apparaît encore plus nettement que dans le cas du complément déterminatif. Cette fois encore, l’intervalle résulte d’un sorte de contradiction ou d’incompatibilité entre un fait de nature et un fait de fonction. Ce qui caractérise en effet la phrase en tant que nature grammaticale et l’oppose sous ce rapport au mot et au syntagme, c’est le fait d’être une unité de langage dépourvue de fonction syntaxique, la phrase ne prenant réellement existence qu’au moment où se trouve clos le jeu des incidences requises par sa genèse. Le rôle des conjonctions que et quand consiste donc à permettre à une phrase d’assumer, en dépit de sa nature grammaticale, une fonction syntaxique d’apport à l’endroit d’un verbe (1b) ou d’un prédicat (2b) en rétablissant, par leur survenance, le mécanisme d’incidence préalablement suspendu.

Le cas de dès que, en 3b, appelle par son caractère particulier quelques remarques additionnelles. Il représente en effet une situation où l’intervalle psychique inscrit entre une phrase en position d’apport puissanciel et le support matériel auquel ce dernier est destiné requiert pour être comblé l’intervention de deux agents d’effection. La préposition dès ne peut en effet être opérante, au titre de support formel, qu’à l’endroit d’un apport de nature nominale. Elle ne peut donc servir de support formel à l’endroit de la phrase il sera de retour qu’à la condition que cette dernière satisfasse préalablement aux conditions lui permettant d’exercer une fonction d’apport. C’est le rôle qu’assumera le conjonctif que. Une fois nominalisée par celui-ci, la sous-phrase pourra alors s’associer à un second support formel et, à travers lui, devenir effectivement incidente à son support matériel. On pourrait résumer comme suit, en en simplifiant les étapes, la séquence opérative en cause :

art1b_b

Si le rôle, syntaxique et sémantique, des prépositions à et de se laisse déterminer avec une relative netteté dans bon nombre de cas d’emploi, les exemples ne manquent pas cependant où la présence de ces prépositions ne paraît pas d’emblée devoir sa justification aux conditions opératoires généralement admises. Les difficultés soulevées par ces emplois en apparence non motivés des prépositions à et de ont conduit notamment à l’établissement de distinctions dont la valeur en analyse est loin d’être évidente, en particulier si l’on se situe dans une perspective opérative. On ne voit pas très bien dans ce cas quel parti tirer des distinctions faites entre transitivité directe et indirecte, entre emplois prépositionnels et non prépositionnels de certaines prépositions et, encore moins, entre prépositions pleines et prépositions vides ou incolores. On est alors fondé de se demander si le caractère « exceptionnel » des emplois en cause ne serait pas plutôt imputable à une vision trop étroite du rôle assumé par la préposition, de laquelle résulteraient les difficultés éprouvées à regrouper, dans un même cadre explicatif, l’ensemble des phénomènes observés ? La question mérite d’autant plus qu’on s’y arrête qu’aucune explication unitaire n’est envisageable sans la découverte d’un dénominateur commun à l’ensemble des situations dans lesquelles intervient la préposition. La notion de diastème proposée par Guillaume pourrait à cet égard s’avérer très prometteuse.

Les cas d’emploi exceptionnels

Selon Grevisse8, la préposition est parfois utilisée pour des fonctions (épithète, apposition, attribut, sujet et objet direct) qui, normalement, se passent de préposition. L’adverbe « normalement » traduit bien ici le caractère singulier de ces constructions en même temps qu’il invite à rechercher les raisons qui justifient dans l’expression des fonctions en cause la présence, à première vue insolite, de la préposition. Dans le cas de la fonction épithète, ces raisons apparaissent clairement dès que l’on s’attarde aux conditions particulières dans lesquelles s’opère le procès de caractérisation auquel participe l’adjectif épithète. Les exemples produits en vue d’illustrer cet emploi curieux de la préposition de sont du type de ceux qui suivent :

  1. Son regard avait quelque chose d‘étrange.
  2. Elle a trouvé quelqu’un de fiable.
  3. Elle ne voit rien de spécial à ajouter.
  4. Elle ne trouve personne d‘assez téméraire pour tenter l’expérience.
  5. Elle n’en a trouvé aucun de comparable.

Il suffit ici de s’arrêter aux conditions opératoires normalement prévues pour que puisse jouer le mécanisme d’incidence dans le cas de l’adjectif épithète pour se rendre à l’évidence que dans les exemples précités le statut grammatical et le signifié particuliers des mots en position de support dans le procès de caractérisation ne satisfont pas pleinement à ces conditions et contribuent d’autant à la formation d’un intervalle psychique entre l’apport adjectival et le support auquel celui-ci est destiné. En effet, l’adjectif est, par fonction ontique, une espèce de mot dont le contenu de signification est appelé à se dire de celui qu’évoque, par fonction ontique, un substantif. Si le mécanisme d’incidence peut jouer librement entre un adjectif épithète et un substantif, c’est que celui-ci est une forme de mot conçue pour évoquer la nature des êtres qui tissent la trame de notre univers expérientiel et celui-là une forme de mot conçue pour caractériser de diverses manières ces mêmes êtres. Dans les exemples qui précèdent, les mots rien, quelqu’un, personne, aucun et quelque chose ne sont pas, à proprement parler, des substantifs ils n’évoquent pas par leur signifié, en l’opposant à celle d’autres êtres, la nature d’un être et se comportent en phrase, à plusieurs égards, différemment des substantifs. Leur emploi comme support d’un adjectif épithète dans un procès de caractérisation peut alors être senti comme disconvenant et entraîner de ce fait la suspension du mécanisme d’incidence, problème que va résoudre, en rétablissant ce dernier, la préposition de. La nature du diastème en cause dans ces constructions n’est pas très différente de celle qui entraîne la suspension du mécanisme d’incidence lorsqu’un substantif est appelé à caractériser le contenu de signification d’un autre substantif. Dans les deux cas, il y a disconvenance entre une fonction praxique et la nature grammaticale fonction ontique du mot appelé momentanément à exercer cette fonction, cette disconvenance pouvant se produire aussi bien du côté du support que du côté de l’apport9. Un examen attentif des autres cas où le recours à la préposition apparaît non motivé pourrait sans doute permettre de mieux cerner la notion de diastème proposée par Guillaume, notion dont le champ d’application, insuffisamment délimité par l’auteur, pourrait s’avérer beaucoup plus large que ce que nous permettent d’en apercevoir les textes où elle est discutée.

Au nombre des cas où l’emploi de la préposition apparaît difficile à justifier, figure celui des infinitifs compléments de verbe. Certains verbes, bien que transitifs, n’admettent pas comme complément un verbe à la forme infinitive. C’est le cas de verbes tels que lire, manger, cacher, trouver, etc. D’autres verbes, notamment les verbes de perception, admettent cependant ce type de construction : écouter parler ; entendre dire ; regarder passer, voir partir. Le verbe à l’infinitif est alors directement incident à son support. On peut également dans certains cas trouver un infinitif directement incident à un second infinitif lui-même directement incident à un verbe support : aller regarder passer les bateaux. Le français admet sans difficulté dans ce type de construction une succession de quatre et même cinq verbes : penser pouvoir venir regarder passer les bateaux ! Rien, dans l’état actuel du français, ne semble donc à première vue empêcher la mise en rapport directe d’un infinitif en position d’apport avec un verbe en position de support. Comment alors expliquer que dans d’autres cas cette mise en rapport ne puisse s’effectuer que par l’intermédiaire d’une préposition ? Comment expliquer par ailleurs que les seules prépositions susceptibles d’assumer l’expression d’un tel rapport soient les prépositions à et de ? Comment expliquer, enfin, le choix, exclusif dans la majorité des cas, de l’une ou l’autre préposition et l’alternance possible, dans certains cas, des deux prépositions ? L’emploi et la distribution des prépositions à et de dans ces constructions ne peuvent s’expliquer que si l’on parvient à définir précisément la nature du diastème, beaucoup plus subtile ici, qui oppose l’infinitif apport au verbe support. Ce qui suppose que l’on dispose au préalable d’une vue suffisamment claire de ce qu’est l’infinitif en tant que forme grammaticale, d’une part, et de ce qu’ont de particulier les signifiés lexicaux des verbes en position de support dans ces constructions, d’autre part. Il faut enfin disposer d’une représentation suffisamment générale du signifié des prépositions à et de pour expliquer, une fois définie la nature du diastème opposant l’apport au support, la distribution de ces prépositions. Nous ne prétendons évidemment pas, dans le cadre restreint qui nous est imparti ici, proposer une réponse satisfaisante à toutes ces questions qui, par la complexité des problèmes qu’elles soulèvent, semblent décourager tout espoir de voir un jour se constituer une théorie générale de la préposition. Tout au plus allons-nous tenter de suggérer certaines voies à explorer en vue de rendre de compte de la distribution, en apparence aléatoire, des prépositions à et de devant un infinitif complément de verbe.

La distribution des prépositions à et de

Dans l’avant-propos à son opuscule10 intitulé Est-ce à ou de ?, destiné aux étrangers désireux de parfaire leur maîtrise du français, E. Lasserre déclare que la distribution des prépositions à et de dans les constructions qui nous intéressent ici fait partie des choses traditionnelles que l’on ne peut pas expliquer et qui ne s’apprennent que par « l’usage » et invite en conséquence le lecteur à reconnaître que dans l’emploi de ces prépositions en français il y a beaucoup « d’arbitraire ». Les faits semblent lui donner largement raison. Pourquoi, en effet, le changement de voix entraîne-t-il un changement de préposition dans décider de / se décider à, obliger à / être obligé de, alors qu’il est sans effet dans interdire de / s’interdire de ? Pourquoi promettre, envisager, rêver, empêcher, oublier, de même que plusieurs autres verbes se construisent-ils avec de alors que forcer, inviter, parvenir, incliner, aspirer et plusieurs autres se construisent avec à ? S’il peut comprendre la frustration du didacticien, le linguiste théoricien ne peut cependant partager son pessimisme en matière d’explication.

La distribution des prépositions à et de, toute aléatoire qu’elle puisse paraître en première approximation dans un grand nombre des cas d’emploi pris ici en considération, semble néanmoins n’être pas tout à fait arbitraire dans certains cas d’emploi privilégiés qui, mieux que les autres, laissent entrevoir les raisons secrètes de cette distribution. C’est du moins l’impression qui ressort d’un examen attentif du comportement des verbes commencer, continuer et cesser. Ces trois verbes ont ceci de particulier qu’au lieu d’évoquer, par leur signifié lexical, la nature d’un faire ou d’un état, comme c’est le cas de la vaste majorité des verbes, ils nous situent en pensée dans la durée d’un événement. Le premier évoque la phase initiale de cette durée, le second nous situe en un point médian de celle-ci et le dernier en représente la phase terminale. Par ailleurs, lorsqu’ils sont employés comme support d’un infinitif, les deux premiers se construisent généralement avec la prépositions à mais admettent aussi la préposition de, alors que le troisième n’accepte que la préposition de :

  1. Mais l’arbuste cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur.11
  2. Il commença à faire beau.
  3. Les réfugiés continuent d’affluer / à affluer.

Le problème qui se trouve ici posé est celui du rapport entre le signifié de chacune des prépositions et celui du verbe support. Comment, en effet, expliquer l’alternance possible des prépositions à et de avec les verbes commencer et continuer alors qu’avec cesser, comme dans le cas de finir et d’arrêter, seule est admise la préposition de ? Ce qu’il s’agit en l’occurrence d’établir, ces sont les affinités impressives liant le contenu de signification de chacun de ces verbes à celui des deux prépositions. En d’autres termes, il faut établir un dénominateur commun entre les conditions de pensée particulières dans lesquelles nous place le signifié lexical de chacun de ces verbes et celles imposées par le signifié lexical des prépositions à et de.

Le signifié des prépositions à et de

On a maintes fois signalé le caractère abstrait du sémantisme des prépositions à et de en raison de l’extraordinaire diversité des valeurs d’emploi que l’on peut tirer de chacune d’elles. Aux yeux de Gustave Guillaume, cette diversité d’emplois résulterait de l’exploitation par la pensée, à des fins expressives en apparence très différentes les unes des autres, de deux formes opposées de mouvement, à savoir celle d’un mouvement d’approche dans le cas de la préposition à et celle d’un mouvement d’éloignement dans le cas de la préposition de. Nous pourrions représenter comme suit les conditions de pensée dans lesquelles nous place le signifié lexical de la préposition à :

art1e_a

Le mouvement auquel est associée dans la pensée la préposition à est, comme l’indique la figure ci-dessus, un mouvement essentiellement prospectif, orienté dans la perspective d’un terme, d’un point d’arrivée (A), lequel se définit comme un après de chacune des positions occupables dans le mouvement sauf la dernière. Ce que propose le signifié lexical de cette préposition, c’est en fait l’image d’une distance à parcourir qui décroît au fur et à mesure que progresse le mouvement d’approche. En raison du caractère essentiellement prospectif du mouvement qu’elle représente, la préposition à se prête naturellement à l’expression du but, de la destination, du virtuel (un travail à faire), lesquels ont en commun un lien avec une impression générale d’après.

Inversement, le signifié lexical de la préposition de correspond dans la pensée à un mouvement rétrospectif, orienté dans la perspective d’un point de départ, lequel se définit comme un avant de chacune des positions occupables dans le mouvement en cause, sauf la première. Elle propose l’image d’une distance parcourue qui croît au fur et à mesure que progresse l’éloignement. D’où son aptitude à exprimer l’origine, la cause, le motif, la condition ou le révolu (un travail de fait), lesquels ont en commun un lien avec un impression générale d’avant. Nous pourrions représenter comme suit le signifié lexical de cette préposition :

art1e_b

Le mouvement d’éloignement représenté par la préposition de n’est pas, contrairement à celui représenté par à, un mouvement limité par un terme dans sa progression. En effet, si l’on peut, en théorie du moins, s’éloigner indéfiniment d’un point fixe, on ne saurait en contrepartie s’approcher indéfiniment d’un tel point. Toutefois, l’éloignement, indissociable en pensée de l’approche, impose pour pouvoir être perçu comme tel que soit référé au point de départ (D) l’ensemble des positions occupables dans le mouvement qui en définit la progression. Ce qui lui confère, en dernière analyse, un caractère essentiellement rétrospectif.

Bien que certaines valeurs d’emploi des prépositions à et de puissent parfois sembler très voisines résultativement, elles demeurent toutefois produites dans un cadre opératif opposé, auquel sont redevables les nuances expressives fines qu’elles sont habiles à rendre. Ainsi, si les locutions prépositives grâce à et à cause de rendent toutes deux l’idée de causalité, on ne peut cependant être insensible, comme le fait remarquer J. Cervoni12, au caractère positif des impressions associées à la première, lesquelles font contraste avec celles, plutôt négatives, liées à la seconde locution. L’effet de sens positif lié ici à la préposition à résulte de l’exploitation de la forme de mouvement, essentiellement prospective, à laquelle est associée cette préposition et l’effet de sens négatif produit par la préposition de n’est pas sans rapport avec le caractère rétrospectif du mouvement auquel correspond le signifié de cette préposition. Il n’apparaît pas étonnant dans ces conditions que des verbes de sens négatif tels que refuser, empêcher, interdire ou manquer se construisent avec la préposition de. Il n’apparaît pas plus étonnant que les verbes ajouter et additionner, de sens positif, se construisent avec la préposition à alors que enlever, ôter, soustraire, et retrancher, de sens négatif, se construisent avec la préposition de.

Le signifié grammatical de l’infinitif

En vue d’expliquer la distribution des prépositions à et de avec les verbes commencer, continuer et cesser, il nous reste à introduire un dernier point ayant trait au signifié grammatical de l’infinitif. La forme infinitive partage certaines propriétés avec deux autres formes du système verbal français : le participe dit « présent » et le participe dit « passé ». En effet, ces trois formes verbales se distinguent des autres formes du système verbal français par l’absence de la personne ordinale dans leur morphologie. Elles sont par ailleurs toutes trois inhabiles à situer la durée d’un procès dans une époque déterminée. Ce qui justifie leur regroupement sous un seul et même mode verbal appelé mode « quasi-nominal » en psychomécanique du langage. Il existe enfin entre ces trois formes verbales un rapport sémantique étroit en raison du fait qu’elles représentent, selon une ordination à la fois temporelle et logique, les trois états d’existence concevables de la durée de tout procès. En effet, l’existence d’un procès dans le temps peut être conçue comme une simple possibilité, comme une réalité imaginée, anticipée. À cet état premier en concevabilité succède un second état d’existence où le procès se présente au regard de la pensée comme une réalité en cours d’actualisation dans le temps. À ce second état succède enfin un troisième et dernier état d’existence où le procès apparaît comme une réalité révolue. L’existence d’un procès étant indissociable de la durée qui en définit l’étendue dans le temps, ce qu’évoquent en définitive les trois formes du mode quasi-nominal c’est le caractère soit virtuel (infinitif) soit actuel (participe présent) soit encore révolu de la durée d’un procès, et ce quelle que soit l’époque considérée. On pourrait figurer de la manière qui suit le rapport de successivité liant les trois formes du mode quasi-nominal :

art1f_a

Ce que résume le schéma qui précède, c’est le fait que tout procès est nécessairement porté par une durée inscrite entre une limite de commencement (C) et une limite de fin (F), que cette durée peut être considérée sous trois modes d’existence distincts selon que l’on se situe en pensée avant l’existence effective du procès, pendant son existence ou encore après son existence. Ce qu’évoque donc la forme de l’infinitif en français, c’est l’image d’un procès dont la durée n’est envisagée qu’au titre de possibilité. D’où sa représentation sous la forme d’un vecteur en pointillé, orienté prospectivement en direction de sa limite de fin. Le caractère virtuel de la durée évoquée par l’infinitif est une conséquence de la position à partir de laquelle se trouve considérée la durée de l’événement, soit celle correspondant à sa limite de commencement (position 1 dans le schéma). Le participe présent évoque une durée en cours, c’est-à-dire vue en partie révolue et en partie susceptible de se poursuivre en raison de la position médiane — position 2 dans le schéma — à partir de laquelle se trouve cette fois considérée la durée du procès. La partie révolue de la durée est représentée par un trait plein orienté rétrospectivement en direction de la limite de commencement et la partie non révolue par un trait en pointillé qui en souligne le caractère virtuel, orienté prospectivement en direction de la limite de fin. Le participe passé évoque enfin l’image d’une durée considérée à partir de sa limite de fin (position 3 ) et vue en conséquence entièrement révolue.

Une fois établies les impressions liées au signifié grammatical de l’infinitif, puis celles attachées à chacun des mouvements dont sont représentatives, dans l’inconscient de la langue, les prépositions à et de, il convient enfin de s’interroger sur la nature du signifié lexical des verbes commencer, continuer et cesser pour être en situation d’apercevoir les raisons qui motivent la distribution des prépositions à et de dans le cas de ces trois verbes. Le verbe cesser évoque lexicalement l’interruption de la durée d’un procès déjà engagé dans le temps. À travers son signifié lexical se trouve évoquée l’image d’une durée considérée à partir de sa limite de fin, ce qui confère au procès dont elle est porteuse un caractère révolu. C’est en conséquence à la faveur de la position même que le verbe cesser nous oblige à occuper dans la durée d’un procès que se trouve obtenue, par parcours rétrospectif, l’image d’une durée entièrement révolue. On aperçoit sans peine dans ces conditions les raisons qui motivent le recours à la préposition de avec ce verbe et qui excluent du même coup l’emploi de la préposition à. Dans la phrase Il a cessé de pleuvoir, l’image d’un procès révolu résulte de la mise en rapport, à travers la préposition de, du signifié de l’infinitif apport pleuvoir avec celui du verbe support a cessé. Comment alors justifier opérativement ce résultat ? Si le propre de la forme infinitive est d’évoquer une durée vue comme possible, comment sa mise en rapport avec le contenu lexical du verbe cesser entraîne-t-elle l’image d’un procès interrompu en son cours et, conséquemment, révolu ? L’explication tient ici à ce que évoquer l’interruption d’un procès en cours équivaut à refuser de voir en pensée sa durée se poursuivre au-delà d’un certain point de repère, qui en marque alors le terme. En d’autres mots, un procès cesse d’exister dans le temps dès que se trouve interrompu la possibilité de sa continuation. C’est cette possibilité de continuation, déclarée par l’infinitif, que nie par son contenu lexical le verbe cesser. On pourrait résumer de la façon suivante les rapports établis, dans l’exemple qui précède, entre le signifié grammatical de l’infinitif apport, celui de la préposition de et celui du verbe support :

art1f_b

En raison de sa valeur essentiellement rétrospective, la préposition de est seule ici à convenir, par affinité impressive, au contenu de signification du verbe cesser, tout comme elle convient aux impressions qu’évoquent, par référence à une limite de fin, le signifié lexical des verbes arrêter, finir et achever.

Les conditions de pensée que définit le verbe continuer sont celles d’un procès dont la durée est vue en partie révolue on ne peut continuer qu’une activité déjà commencée et dont la poursuite est envisagée comme possible on ne peut continuer qu’une activité qui n’a pas atteint son terme. C’est en conséquence dans le cadre d’un procès en cours d’existence que nous oblige à nous situer le verbe continuer, position à la faveur de laquelle la durée du procès considéré nous apparaît partagée en une partie déjà réalisée et une partie à réaliser. Ce qui explique le choix, offert à la pensée par la position occupée dans la durée du procès, de définir la continuation de celui-ci aussi bien par référence à la partie réalisée que par référence à la partie non encore réalisée. La nuance expressive obtenue, selon que se trouve retenue l’une ou l’autre préposition, n’est pas toujours aisée à décrire. Dans l’exemple Les réfugiés continuent à affluer, la préposition à semble privilégier la phase dynamique de l’affluence. Elle définit la continuation du procès par référence au flux ininterrompu des arrivants. La préposition de privilégierait la phase résultative du même procès en définissant la continuation par référence à la progression constante des arrivés. Ce que tente de suggérer la figure qui suit :

art1f_c

À l’instar du verbe continuer, le verbe commencer peut se construire avec l’une ou l’autre préposition. Ce qui laisse supposer deux manières de concevoir le commencement d’un procès. Rappelons tout d’abord que pour qu’un procès soit déclaré commencé, il faut nécessairement que celui-ci se soit minimalement matérialisé dans le temps. Cette matérialisation minimale peut faire l’objet d’une représentation dynamique et correspondre alors à l’inscription dans le temps des premiers instants de la durée du procès. L’impression d’un procès à peine engagé est obtenue dans ce cas par approche minimale de la limite de fin de sa durée. C’est à cette représentation dynamique et essentiellement prospective du commencement d’un procès que convient la préposition à en raison de la forme du mouvement auquel correspond son signifié lexical. On pourrait résumer comme suit cette première façon de concevoir le commencement d’un procès :

art1f_d

La matérialisation minimale d’un procès dans le temps peut également être représentée résultativement, par la prise en considération de la distance qui sépare la partie accomplie de la durée de la limite de commencement du procès. L’impression d’un procès à peine engagé dans le temps est cette fois obtenue par éloignement minimal de sa limite de commencement. C’est à cette représentation résultative et essentiellement rétrospective du commencement d’un procès que convient la préposition de en raison de la forme du mouvement auquel est associé son signifié lexical. un éloignement minimal de la limite de commencement de la durée du procès. Le schéma qui suit résume cette seconde manière de se représenter le commencement d’un procès :

art1f_e

À la lumière de ce qui vient d’être exposé, la distribution des prépositions à et de dans les constructions qui nous intéressent ici n’apparaît plus être le fruit du hasard. Et dans les cas où il peut y avoir alternance des deux prépositions avec un même verbe, cette distribution n’obéit pas non plus, contrairement à ce que suggère Grevisse13 à une loi d’euphonie. Sa justification repose en grande partie sur une analyse fine du contenu de signification des verbes en fonction de support dans ces constructions.

L’idée que le signifié lexical du verbe support puisse déterminer le choix de la préposition dans les constructions en cause n’a rien en soi d’étonnant. C’est du reste sur une analyse fine du signifié lexical de nombreux verbes que sont redevables les explications produites par Gustave Guillaume pour rendre compte de la variation modale observable notamment dans les subordonnées complétives. C’est en effet en raison de la nature de son signifié lexical que le verbe espérer impose le recours à l’indicatif (espérer qu’il fera beau) alors que le verbe souhaiter, de sens assez voisin, impose l’emploi du subjonctif (souhaiter qu’il fasse beau), tout comme l’idée de probable se construit avec l’indicatif (il est probable qu’il viendra) alors que celle de possible se construit avec le subjonctif (il est possible qu’il vienne). Ce n’est en conséquence qu’au terme d’une analyse fine du signifié lexical de chacun des verbes qui se construisent avec la prépositions de et d’une analyse non moins fine du signifié lexical de chacun des verbes qui se construisent avec la préposition à que l’on pourra espérer, moyennant la découverte d’un dénominateur commun sous chacune des séries de verbes analysés, expliquer la distribution de ces deux prépositions. Ce dénominateur commun nous est déjà indirectement suggéré par la valeur générale que propose Guillaume du signifié propre à chacune de ces prépositions. Il s’agit donc, pour chaque verbe examiné, d’établir en quoi les impressions qu’il évoque sont en affinité avec celles attachées à l’un ou l’autre des mouvements que représentent dans la langue les prépositions à et de.

1. Une partie des idées exposées dans cet article ont fait l’objet d’une communication présentée en septembre 1993 au colloque international Théories et didactique des langues romanes tenu à l’Université Lomonosov, Arkhangelsk, Russie.
2. Il n’est pas étonnant dans ces conditions de constater, dans les langues qui ne connaissent pas la préposition c’est le cas en esquimau notamment l’absence concomitante de conjonctions de subordination et de pronoms relatifs.
3. L’expression est empruntée à C. de Boer, Essai sur la syntaxe moderne de la préposition en français et en italien, Paris, Honoré Champion, VIII, 1926.
4. En psychomécanique du langage, le terme incidence définit une opération de pensée par l’intermédiaire de laquelle le contenu de signification d’une certaine unité de langage, en position d’apport de signification, est mis en rapport avec celui d’une autre unité de langage, en position de support de signification. Dans son étude sur la préposition, J. Cervoni (La préposition, Duculot, Paris, 1991, p. 78) attribue l’intervalle créé entre les termes que met en rapport la préposition aux limites de leur capacité incidentielle, sans définir nettement toutefois la raison d’être de ces limites.
5. Les constructions du type ville-champignon, homme-grenouille, etc. dans lesquelles le signifié lexical du second substantif, généralement dématérialisé et employé métaphoriquement, apparaît caractériser celui du premier substantif ne sont pas prises en considération ici. Ces unités complexes, généralement inscrites au dictionnaire, ne forment pas syntagme et résultent d’un mécanisme de construction qui ressortit au mot plutôt qu’à la phrase.
6. La distinction établie par Roch Valin entre fonctions praxiques de discours et fonctions ontiques de langue, d’une importance capitale dans l’étude des prépositions, apporte une solution à certains problèmes posés par la théorie du cas synaptique de Guillaume et exposés par Valin dans son article intitulé : Le problème de la déclinaison nominale en français, paru dans L’envers des mots, Presses de l’Université Laval (Québec) et Klincksieck (Paris), 1994.
7. Il n’est pas tenu compte dans cette discussion du problème que poserait, en syntaxe opérative, le rapport susceptible d’intervenir entre le premier substantif et un déterminant, ce rapport pouvant s’établir tantôt après la mise en rapport des deux substantifs c’est le cas dans un verre à vin tantôt avant cette mise en rapport c’est le cas dans un verre de vin.
8. Le bon usage, Duculot, Paris-Gembloux, 1988, 1987. Les seuls exemples produits par l’auteur pour illustrer ces constructions qui font figure d’exceptions mettent tous en cause la préposition de. On trouve cependant chez divers auteurs qui se sont intéressés à ces constructions d’autres exemples mettant en cause la préposition à et la préposition en.
9. C’est encore une disconvenance, une sorte de hiatus psychique entre un fait de nature l’appartenance au genre animé et un fait de fonction celle, mentalement associée à une situation de passivité, d’objet direct que semble signaler la préposition dématérialisée a qui s’interpose en espagnol entre un verbe et un objet direct évoquant un être animé (¿Has visto el periódico ? : As-tu vu le journal ? / ¿Has visto a los niños ? : As-tu vu les enfants ?)
10. E. Lasserre, Est-ce à ou de ?, I, 15e édition, Payot, Lausanne, 1987.
11. Saint Exupéry, Le petit prince , VIII.
12. Op. Cit., p. 205.
13. Au §877 du Bon Usage (op. cit.), l’auteur fait en effet remarquer qu’à côté de commencer à, la construction commencer de est d’un usage très fréquent dans la langue écrite, au point que l’on peut considérer qu’elle a le libre « choix » et que c’est l’oreille qui « décide » dans ce cas.